PhotoFR-Profil-229x300Frédéric Raymond a publié des nouvelles dans les revues Solaris, Clair/Obscur, Asile et Horrifique. Il a même publié une histoire de fantôme, intitulée La pire histoire, dans Solaris 179. Il est cofondateur de La Maison des viscères, une maison d’édition spécialisée en horreur extrême québécoise (www.visceres.com). En 2011, il a obtenu un doctorat en physiologie-endocrinologie à l’Université Laval, où il poursuit des études postdoctorales en bio-informatique. Il blogue sur www.fredericraymond.com

 En dehors de ses publications scientifiques et de ses nouvelles (consulter la liste plus bas pour obtenir ses textes), il a participé a un cadavre exquis, titré Poussière (le second texte), organisé par Asile et il publiera bientôt son premier roman aux éditions Les Six Brumes.

Pourriez-vous me glisser un mot sur ce titre à venir, histoire de mettre l’eau à la bouche de vos lecteurs?

« Je ne peux pas en dire trop sur ce projet pour l’instant. Ce que je peux en dire c’est que ce roman s’intitule Jardin de chair et qu’il raconte l’histoire d’une cannibale dépressive. C’est un roman d’horreur érotique à la fois graphique et introspectif. La direction littéraire avance bien… »

Cependant, sa passion pour l’horreur ne s’arrête pas là. Frédéric Raymond est également cofondateur des éditions La Maison des viscères qui se spécialisent évidemment dans la littérature québécoise à travers « l’horreur, le gore et le bizarro ». La maison présente actuellement 2 publications, disponible en version papier et numérique. Je me suis aventurée dans la Maison des viscères, comme vous pouvez le constater, les couvertures nous laissent déjà un avant-gout assez macabre.

Aurez-vous les nerfs assez solides pour découvrir ces anthologies?

 Exodes (illustrations par Yannick Bouchard)

ExodesCover

  • Aurore, l’enfant du diable/Nicolas Handfield
    Après l’internement de sa mère à l’asile, la jeune Aurore croit que le malheur de sa famille ne peut empirer. Et pourtant, quand le curé du village suggère à son père de prendre une nouvelle femme, la vie de l’enfant bascule vers l’enfer. Dans ce pastiche inspiré des films de série B, l’enfant martyre aura sa vengeance!
  • Hécate/Daniel Sernine
    Pour Louis Leroux, fuir la ville semble la seule solution afin d’échapper à ses démons. Mais les loups, les loups rôdent dans la campagne. Ils l’appellent et le hantent… Tout comme la gueule sanglante d’Hécate, et cette robe maculée de sang.
  • 514 YIH-OOPI /Luc Dagenais
    Montréal n’est qu’une colonie minière. Depuis sa fondation, elle subit les attaques incessantes des y’i:hoopis, créatures sanguinaires aux youyoulements à glacer le sang. Un seul homme peut défendre la ville contre ces monstres : Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve.
  • Avec des micronouvelles de Geneviève Blouin, Martin Mercure et Richard Tremblay.

Agonies (illustrations par Gabrielle Leblanc et David Therrien)

Couverture-Agonies

  • SAM /Jonathan Reynolds
    À 17 ans, Samantha découvre qu’elle partage son corps avec Bob, un tueur sanguinaire affamé de chair humaine. Son seul désir : en finir avant que Bob ne la force à dévorer sa famille et ses amis. (EXTRAIT)
  • Amarante/Ariane Gélinas
    Navire en perpétuel mouvement, l’Amarante accueille à son bord des êtres tourmentés. Vient le tour de Charles, qui a tout perdu après le suicide de son amoureuse. Sur ce bateau où se mêlent l’art, l’érotisme et la cruauté, il s’éprend de Lysane, une artiste qui lui rappelle sa compagne défunte. Mais, sur l’Amarante, ceux qui ont le malheur de s’attacher à quelqu’un sont sévèrement punis. (EXTRAIT)
  • Baptême de sang/Pierre-Luc Lafrance
    L’inspecteur Boisclair abat un suspect en plein interrogatoire. Questionné après le meurtre, il raconte son histoire sans demander qu’on le croie, puisque lui-même n’ose pas y croire. Comment peut-on démembrer un homme à mains nues, parler dans la tête des gens et, surtout, manger vivante sa victime sans qu’elle ne se débatte? (EXTRAIT)

Prévoyez-vous prochainement d’autres publications aux éditions de La Maison des viscères?

« Nous travaillons présentement sur la troisième anthologie qui sera publiée par La Maison des viscères. Le contenu du projet reste top secret pour l’instant, mais l’anthologie aura une saveur bizarro, un sous-genre de l’horreur qui mélange le surréalisme, l’absurde et l’étrange. »

En attendant de découvrir ces précédents titres, je vous suggère de vous rendre au sous-sol avec Frédéric Raymond.

Fantômes de sous-sol par Frédéric Raymond

À la mémoire de grand-papa Bob, qui n’avait pas peur

« As-tu peur des fantômes de sous-sol? »

Le garçon fixe son grand-père. Il secoue la tête, mais un regard en coin vers l’escalier libère des araignées dans son ventre.

« Sont pas dangereux. Prends la boîte de gâteaux. On va aller les voir. »

Grand-père sourit et le garçon le suit dans l’escalier. Une par une, il descend les marches, quittant la lumière du rez-de-chaussée pour les ténèbres de l’étage d’en dessous. Le garçon s’agrippe à l’emballage d’éclairs au chocolat. Il suit son grand-père dans la noirceur de la cave, qui n’est brisée que par les voyants du décodeur du câble. Le garçon cherche à tâtons le sofa et s’y assit. Son grand-père s’installe dans son fauteuil inclinable, allume le téléviseur, met un film sur la télé payante.

« Les fantômes vont pas nous déranger. Tu peux prendre un gâteau. »

À la télé, il y a des gens avec des masques. D’autres ont peur. Le garçon sait que ce n’est pas un film pour enfants, mais il reste fasciné par l’intrigue qu’il ne comprend pas. La crème pâtissière colle sur ses doigts. Grand-père ronfle dans son La-Z-boy. Le garçon prend conscience de la noirceur derrière lui, de l’obscurité de la chambre de son oncle métaleux dont la porte ressemble à l’entrée d’une grotte terrifiante. Le garçon frémit juste à penser aux affiches qui en tapissent les murs.

Mais sa peur des fantômes est plus grande.

Le garçon tremble, sa vessie est sur le point d’exploser, mais il n’ose pas se lever. Il se tortille sur le divan et regarde derrière lui. Il y voit des ombres bouger, sent l’obscurité qui le nargue, imagine les fantômes qui disparaissent dès qu’il pose sur eux son regard. Il se rassit, mais il n’en peut plus. Il serre les poings pour se donner du courage. Son grand-père s’étire dans son fauteuil, ouvre un œil, le referme. Le garçon se lève lentement, mais dès que ses pieds touchent le sol, il s’élance vers l’escalier. Il doit atteindre l’étage supérieur avant que les spectres tapis dans l’obscurité ne l’attrapent. Rejoindre sa grand-mère qui fait un mot-mystère dans sa chambre. Un instant, il pense à son grand-père, qu’il laisse seul en bas, à la merci des ombres, mais il n’hésite qu’un moment, car il se souvient d’une chose : son grand-père n’a jamais craint les fantômes de sous-sol.

* * *

Depuis longtemps, je veux raconter une histoire de fantômes de sous-sol pour la faire lire à mon grand-père, qui faisait souvent des blagues sur le sujet quand j’étais petit. Malheureusement, il ne pourra pas lire cette fiction inspirée de souvenirs d’enfance passés avec lui. Je reste content de partager ce texte avec vous.

Si vous voulez lire d’autres histoires à l’ambiance fantomatique, je recommanderais Là-haut de la colline de Claude Bolduc (ou n’importe quel recueil de nouvelles de cet auteur). Si vous lisez l’anglais, vous pourriez lire mon roman de fantômes préféré : The hour before dark de Douglas Clegg. Si ce n’est pas le cas, le recueil de nouvelles Silencieuses de Jonathan Reynolds est une lecture tout aussi indiquée!

N’oubliez pas de veiller à libérer vos fantômes de sous-sol pour la soirée d’Halloween. Autrement, qui sait comment ils réagiraient…

Vous pouvez suivre Frédéric Raymond sur son BLOGUE

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Publication littéraires
Jardin de chair. Roman. Les Six Brumes. À venir.
Lycanthrope d’un soir. Clair/Obscur #9 Spécial Lycanthropes. Mai 2012.
La pire histoire. Solaris 179. Juillet 2011.
Poussières. Cadavre exquis de Michaël Moslonka, Martin Lessard, David Hébert, Denis Moreau et Frédéric Raymond. Publication web liée à Asile 02. Mai 2010.
La danse des os. Asile 02. Février 2010.
La sublimation des corps. Horrifique 45. 2005.

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