Si vous n’êtes pas familier avec les docu-fictions (mockumentary), il s’agit, en bref, d’un film dont le contenu se veut documentaire, mais qui a été tourné, en partie ou en totalité, avec des acteurs. La formule de base est donc fictionnelle, son fondement est malgré tout véridique, et son but reste néanmoins éducatif. L’avantage de faire de tel documentaire est de traiter, comme dans le cas présent, de lourd sujet sans toutefois utiliser des cobayes pour qui l’expérience ou le témoignage pourraient s’avérer traumatisant, partiel ou biaisé. Le débat concernant la moralité douteuse qui s’élève autour d’un documentaire percutant et difficile pour les participants se voit ainsi automatiquement annihilé.
Aussi, il est important de comprendre que le film « A girl like her » est une fiction même s’il est criant de réalisme et de vérité. En dépit du fait qu’il est en anglais seulement (des versions sous-titrées en français sont disponibles), je tenais à vous le suggérer. Que ce soit pour le découvrir à la maison ou en classe avec des adolescents, je pense qu’il saura en sensibiliser plusieurs, car il nous met sous le nez, de manière concrète, brutale et touchante, ce que représente l’intimidation.
A girl like her
En résumé
Jessica, une jeune fille de 16 ans, se fait harceler par une ancienne amie depuis un an. Seul son meilleur ami, Brian, connait la vérité sur les traitements qu’elle subit avec honte jour après jour, à l’école et sur les réseaux sociaux. Quand Brian lui propose d’accrocher une caméra cachée sur elle, la pauvre fille accepte. Dès lors, on découvre les durs moments qui la suivent au quotidien.
De son côté, Avery, l’intimidatrice, est devenue une jeune fille populaire avec le temps. La réalité qui se cache cependant sous ses airs supérieurs est-elle si enviable? A-t-elle conscience de l’image qu’elle projette? Chose certaine, elle n’a aucune idée de ce qui l’attend…
En commentaires
C’est donc à travers une caméra subjective que l’on découvre ce long-métrage d’Amy S. Weber, datant de 2015. La force de ce film va sans contredit à la performance des acteurs. Ils sont excellents! Ce qui ne manque pas d’ajouter à l’impact recherché : conscientiser et sensibiliser. Le déroulement du récit est aussi bien dosé, ajoutant par le fait même à la crédibilité du documentaire. L’intrigue de fond est forte, le téléspectateur se demande tout au long jusqu’où tout cela va se rendre. Il s’agit d’ailleurs du nœud, celui qui devrait rester graver dans votre tête, dans celles des jeunes, des adultes qui les entourent… À partir de quel moment est-ce suffisamment grave pour agir? Eh bien, la réponse est simple, dès le tout début.
Ceci dit, je ne me prolongerai pas sur les détails des actions à prendre. Il va sans dire que pour un adolescent, le visionnement de ce film doit être suivi d’une bonne conversation, que ce soit en classe ou à la maison. Dans la plupart des cas, le jeune s’éveillera davantage à l’autre, comprendra mieux les répercussions de ses paroles et de ses gestes, ne les banalisera sans doute plus. À l’évidence, certains adultes pourront aussi mieux mesurer le poids de ce qu’il croit anodin. Dans de tels cas, le tournant demeura toujours le même : ne pas laisser ces comportements dégénérer, autant pour l’intimidé que l’intimidateur. Pour le harceler toutefois, ce qui est prépondérant, c’est de comprendre qu’il n’y a pas lieu d’avoir honte, il n’est pas responsable des agissements de l’autre.
Au final, je pense qu’il est important de garder à l’esprit que ce docu-fiction est dur sur les émotions, mais, je pense, qu’il peut forcer la prise de conscience chez certains. C’est donc un mal nécessaire!
Pour une liste de livres sur le sujet ainsi que certains liens vers des organismes d’aide, voyez mon dossier (2012).
Bon courage!
Docu-fiction (2015) de Amy S. Weber
Acteurs principaux :
Avery Keller – Hunter King
Jessica Burns – Lexi Ainsworth
Brian Slater – Jimmy Bennett