Par Eugène Ionesco, mise en scène par Geneviève Fontaine

C’est depuis 1957 que l’on joue cette pièce, La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco, qui est, malgré tout, encore d’actualité.

Habituellement, reconnu comme du théâtre absurde, cette pièce est mise en scène en mettant de l’avant le comique de situation à travers des esthétiques colorées qui tirent souvent les cordes de la satire par le burlesque des courbettes de 2 couples huppés de la société.

L’histoire

Tout au long de la pièce, le pendule sonne plusieurs fois ou quelquefois seulement, à sa guise…

La Cantatrice chauve par Eugène Ionesco mise en scène par Geneviève Fontaine / La Cenne
Tommy Lavallée (M. Smith) et Valérie Gagnon-Laniel (Mme Smith)
CRÉDIT PHOTO : PATRICE VIAU

Mme Smith discute de l’excellent repas qu’ils ont pris en famille. De fil en aiguille, ils “décousent” la conversation, entre autres, en discutant de Bobby Watson qui est mort laissant sa veuve, Bobby Watson, et ses deux enfants, un garçon, Bobby Watson et une fille, Bobby Watson. M. Smith remarque aussi tout en feuilletant son journal que l’on mentionne « toujours l’âge des personnes décédées et jamais celui des nouveau-nés ».

Puis, Mary, la bonne, fait son entrée… tenant un discours aussi particulier. Suivi enfin du couple de M. et Mme Martin du moins… paraît-il… puisque selon l’argumentaire de monsieur, ils ont été au même moment, au même endroit, « quelles coïncidences » qui les comblent de bonheur! Pourtant, Mary nous affirme qu’il s’agit là d’une erreur.

Enfin les deux couples se rencontrent, la soirée est pourtant chargée de petits rien du tout pour combler le vide… Lorsque le capitaine des pompiers se pointe parce que les feux se font si rares ces temps-ci, il se demande s’il n’y en aurait pas un chez les Smith à tout hasard.

Les discussions s’animent autour du nouvel invité impromptu. Quelques découvertes encore inattendues s’annoncent jusqu’au tourbillon final où avant de quitter le capitaine des pompiers demande des nouvelles de la cantatrice chauve…

La Cantatrice chauve par Eugène Ionesco mise en scène par Geneviève Fontaine / La Cenne
De face: Anne Sophie da Silva (Mme Martin) et Valérie Gagnon-Laniel (Mme Smith)
CRÉDIT PHOTO : PATRICE VIAU

Qu’en est-il de la vision de cette compagnie émergente (2011), Privatelab studio, qui se donne le mandat d’offrir «Un objet où les spectateurs sont impliqués, tant dans la présence que dans la réflexion» ?

Geneviève Fontaine se démarque dans sa mise en scène en se penchant sur le drame interne des personnages pour livrer une pièce remplie d’une réalité criante, celle du malaise humain.

Geneviève Fontaine, metteure en scène et incarne Mary
Geneviève Fontaine, metteure en scène et incarne Mary

« Tout est là, tout est dans le texte, je n’ai eu qu’à tirer les ficelles », me dit-elle les yeux pétillants, encore sur l’adrénaline de la présentation qui venait à peine de se terminer.

D’abord, en ce qui concerne l’implication du spectateur, c’est réussi, puisque celui-ci a davantage la sensation d’avoir été invité au salon des Smith que celle d’être assis dans les rangs d’un théâtre. La petite salle qu’est le studio « La Cenne » permet évidemment cette proximité avec les comédiens et l’utilisation de l’espace vient renforcer ce sentiment, car le spectateur est pratiquement entouré par les différents éléments de la pièce; un cadran derrière une série de sièges, la cuisine à leur gauche, le salon à l’avant et le long corridor d’entrée au fond. Chaque recoin est donc utilisé brillament à cet fin. L’appartement est grand et réaliste. La mouvance aisée et naturelle des acteurs nous permet de garder à l’esprit qu’ils y sont chez eux. D’ailleurs, les décors, les costumes et la lumière crue s’insèrent tout à fait dans la ligne directrice. Ça ressemble peut-être à votre salon, votre tenue ou même, à la personnalité de votre voisin…

Ce qui est remarquable dans le travail de mise en scène, c’est tout le souci du détail qui a été structuré à travers le non-dit, le langage corporel des comédiens et les silences soutenus empreints de vérités. D’ailleurs, les comédiens, Geneviève Fontaine étant également de la distribution, y livrent tous d’excellentes performances même si, en cette soirée (le 9 nov.), Tommy Lavallée, soit M. Smith, m’apparaissait se démarquer un peu plus, tant dans ses tirades que dans ses silences forts de sous-entendus.

La metteure en scène a donc su libérer toute la saveur du texte pour dépeindre la difficulté au sein du couple des Smith, le faux bonheur des Martin, la futilité du temps qui passe et nous confronte à la solitude parmi les autres et aux malaises incongrus.

Malgré tout ce branle-bas insolite, je vous rassure, les sourires sont au rendez-vous parce que la pièce garde une légèreté qui vous permettra de passer un bon moment en leur compagnie.

Bravo!

Également à la production : Corine Rodrique, dramaturge et co-metteur en scène / François Létourneau, son / Dominic Lapierrière, éclairage / Sabrina Tremblay-Gagnon, décors / Guillaume Bélanger, graphisme
La Cenne

 

Procurez-vous des billets :
15, 16 et 17 novembre 20H
La Cenne
Billetterie : 514.965.1893

 

 

Partagez!

1 commentaire

Les commentaires sont fermés.