Née un 24 septembre 1957 à Plessisville, au Québec,  Alain M. Bergeron est le 3e d’une fratrie de 4 enfants. Il n’est encore qu’un bambin de 5 ans quand sa famille déménage à Victoriaville, localité qui demeure à ce jour son lieu de résidence. Il va de soi que l’auteur y aime sa vie paisible même si sa carrière l’entraîne parfois ailleurs.

« Sédentaire, un vrai casanier. Je suis bien chez nous. N’empêche, je prends de plus en plus plaisir au nomadisme depuis mes voyages en Suisse, au Yukon et partout au pays pour parler aux enfants de mes livres. » 1

À la petite école, Alain se révèle d’abord un enfant plutôt tannant lors de sa première année, pour ensuite prendre un profil très tranquille et effacé, malgré sa grande énergie.

« Je suis un grand timide, mais je me soigne… » 1                    

C’est un élève qui réussit bien. Il aime l’école, plus particulièrement le français et l’arithmétique. Son goût pour la lecture se développe à un très jeune âge. Il aime plus particulièrement « Astérix, parce qu’il est petit et malin; Bob Morane, parce qu’il est courageux et qu’il vit des aventures extraordinaires; Superman, parce qu’il vole, qu’il est fort et invincible. Bref, tout ce que je ne suis pas dans la réalité (sauf pour l’aspect petit…). » 3

Son enfance ainsi qu’une bonne partie de sa vie est toutefois ombrée par la terrible maladie de son père.

« Mon père a été un homme très malade, toute sa vie. Il a subi 33 opérations, a perdu d’abord tous ses orteils, puis ses deux jambes et sept de ses doigts, cela sur une période d’environ 25 ans. Ce qui comprend mon enfance, mon adolescence et le début de ma vie d’adulte. J’aurais aimé le connaître en santé, pour toutes les raisons du monde… » 2

C'était un 8 août par Alain M. Begeron
couverture de la nouvelle parution de mai 2015

En outre, cet épisode difficile bercera le garçon un bon nombre d’années dans un rêve inaccessible. « Je voulais que mon père, très malade, guérisse… Inutile de préciser que ça n’a pas fonctionné… » me confit-il.

Ce n’est qu’avec l’écriture du roman “C’était un 8 août”, paru en 2012, qu’il se permettra via son personnage de David d’effleurer ce désir profond de vivre ce moment hors du temps, ce privilège de partager le bonheur d’avoir un père en santé.


« L’expérience d’écrire C’était un 8 août, très salutaire, m’a permis de faire la paix avec le petit garçon blessé à l’intérieur de l’adulte. Et de regarder en avant, tout simplement, avec sérénité, grâce à une balle de baseball et… à une éclipse solaire! »
2

Il n’en demeure pas moins que c’est une série de conséquences fortuites qui l’ont amené vers une carrière d’auteur jeunesse. L’idée a plutôt germé petit à petit avec la naissance de son premier enfant en 1989 : Alex, un garçon. C’était « Pour leur laisser quelque chose de moi. » m’affirme-t-il en faisant référence à ses 2 enfants, incluant la deuxième, Élizabeth. Les travaux manuels n’étaient pas un de ses talents : « … il était inutile de penser […] construire une cabane dans un arbre. D’abord, elle n’aurait pas supporté le poids d’un chat; et on n’avait pas d’arbre… » 3, il a donc opté pour l’écriture, « … et j’y ai pris goût. Vraiment beaucoup! »

Ceci dit, avant d’être auteur, Alain M. Bergeron a fait ce qu’il nomme un « semblant de carrière musicale – qu’il Les tempêtes par Alain M. Bergeronraconte allègrement dans le livre Les Tempêtes… » 2. Le lieu, les instruments, le temps, le groupe et le cœur y étaient, mais le talent, un peu moins selon lui.

« Je suis une rock star frustrée de ne pas l’être et de ne pas l’avoir été… Dans une vie antérieure, je jouais de la musique et je chantais dans un groupe rock. J’étais le moins talentueux du groupe, celui qui attirait les autres vers le bas. […] il vous suffit de lire le roman Les Tempêtes (Soulières Éditeur). Le narrateur, Steve Duguay, est bel et bien moi, tout simplement, mais campé dans un décor de l’année 1964. » 4

L’amoureux du rock a donc changé de cap pour écrire dans la section culture du journal de sa région. « C’est le hasard qui m’a mené au journalisme. Le journal avait besoin de quelqu’un pour couvrir les événements de la fin de semaine. Et j’avais besoin d’un boulot. J’ai essayé et j’ai adoré ça. Tout de suite. » Il travaille donc pendant une vingtaine d’années pour L’Union et à La Nouvelle. Avant de tirer un trait sur le journaliste, il passe un certain temps à combiner cette carrière à celle de l’écriture pour la jeunesse.

En 1990, il reçoit le prix de l’ACELF, ce qui le pousse à poursuivre sur cette voie, malgré que « … le livre n’a été publié qu’en 1999, après huit années de refus. » Entre temps, il gagne un autre prix, ce qui l’amène toujours un peu plus loin — « J’ai persévéré et les livres ont commencé à être publiés. » 3 — Ce n’est cependant qu’après plusieurs années d’essais que l’auteur, aujourd’hui si connu, reçoit sa première acceptation. Il me confirme qu’en effet, il a eu « Beaucoup, beaucoup de rejets, sur plusieurs années, avant que mon premier manuscrit ne soit accepté chez Tisseyre, en 1997, par Robert Soulières lui-même. » Je vous souligne qu’on parle de presque 10 ans de refus répétés (au moins une cinquantaine) avant d’en arriver à ce premier livre, “Cendrillé”.

Les portes de son aventure littéraire s’ouvrent enfin, tant et si bien qu’en 2005, il choisit d’abandonner le journalisme pour se consacrer à sa passion pour son œuvre qui se destine aux 3 à 16 ans. « J’étais rendu à un point où je me disais que je devais faire ou journaliste ou auteur jeunesse. J’ai opté pour ce dernier métier et je ne l’ai jamais, jamais regretté. » M. Bergeron ne s’ennuie pas non plus de ce premier gagne-pain, « Après 22 ans, c’est derrière moi tout ça. Ma carrière d’auteur jeunesse monopolise tout mon temps et mes énergies. » ajoute-t-il. « J’ai vraiment un beau travail (et un bon patron) » 3. Après 232 titres publiés à ce jour, dont certains ont été traduits en anglais, en japonais ainsi qu’en coréen, permettant plus d’un million de ventes dans le monde, le prolifique auteur jeunesse ne peut que se sentir fier de sa carrière! En dépit du fait que le plus difficile à ses yeux sont « Les fichues corrections, qui me demandent un temps fou. », il reste que l’écriture, et surtout la rencontre des enfants souriants dans les écoles, s’inscrivent au cœur de sa passion.

« Je m’amuse d’abord et surtout. Il y a quelque chose de très plaisant à l’idée de plonger dans ces univers d’enfants ou d’adolescents, de redevenir jeune dans ma tête et de me glisser dans leur peau. Quand j’écris un livre mettant en vedette Dominic Abel, je deviens Dominic Abel, 10 ans. Je suis aussi le Capitaine Static, le garçon qui voulait être un héros aux yeux des autres. L’approche n’est pas toujours la même, selon le travail. Pour les Savais-tu, là, c’est vraiment l’adulte qui mène le bal pour créer les gags, mais qui se marre comme un enfant. J’ai beaucoup d’imagination, donc, c’est relativement aisé pour moi de renouer avec la bonne ambiance afin de raconter mes histoires avec justesse et sans trop de décalage avec les enfants. »4

Son inspiration lui vient d’un peu partout, « Mes amis, leurs amis, les élèves que je rencontre dans les écoles, à la bibliothèque; mes lectures, une émission à la télé… Tout m’inspire finalement »3. Ses enfants sont aussi une source pour sa créativité. D’ailleurs, sa fille lui a inspiré le capitaine Static.Capitaine Static par Alain M. Bergeron

« … En jouant avec son père lors d’une soirée d’été, elle a découvert qu’en frottant ses pantoufles sur le tapis, cela produisait de l’électricité statique. Amusée, elle s’est mise à donner des décharges électriques à son papa. Celui-ci a poussé quelques cris… » 5

D’autre part, l’auteur me raconte qu’il ne lit que de la littérature jeunesse, « Je suis incapable de lire de l’adulte, parce que ça me sort trop de mon monde pour enfants. » Ses auteurs favoris sont René Goscinny et François Gravel.

Ceci dit, pour revenir davantage vers son œuvre, je lui ai aussi demandé s’il y avait une de ses créations qui avait une signification particulière pour lui, un livre qui représente sa plus belle réussite professionnelle en somme.L'arbre de joie par Alain M. Bergeron

« L’Arbre de Joie, parce que des profs se sont inspirés du concept (permettre à des enfants moins favorisés d’avoir au moins un cadeau à Noël) pour monter leur propre Arbre de Joie. Il y en a une dizaine au moins au Québec et ça permet à plus de 2000 enfants démunis d’avoir au moins un cadeau à Noël, en plus de sensibiliser les enfants à l’école au fait que des enfants sont moins chanceux qu’eux. »

Avec une si belle carrière, Alain M. Bergeron caresse malgré tout un autre rêve, celui « Que l’un de mes livres devienne un film. Et un bon film, parce que tous mes livres sont bons, bien sûr. Si c’est moche, ce sera la faut du réalisateur après tout. » 1

D’ici à ce que l’on retrouve peut-être l’une de ses créations à l’écran, l’auteur garde la cadence, ses lecteurs pourront donc s’attendre « À de nouvelles séries et à des bandes dessinées. J’ai trop de projets en tête pour être capable de les réaliser dans cette vie-ci. Je vais devoir revenir dans une prochaine vie… »

Dans l’immédiat, je vous invite à vous laisser tenter par l’un ou l’autre de ses livres (voir la liste exhaustive à ce jour en bas) ou à en découvrir davantage sur ce passionné en suivant les liens de références (d’intéressantes entrevues!) avant lesquels, je vous laisse mes propres remarques sur trois de ses ouvrages, de belles lectures!

Une casserole sur la tête, par Alain M. Bergeron, illustré par Philippe Germain aux Éditions Scholastic

Une casserole sur la tête par Alain M. Bergeron, illustré par Philippe Germain

Guillaume est un chevalier imaginaire qui s’amuse à libérer sa drôle de princesse d’un vilain dragon. Pourtant son épopée devient plus grandiose encore le jour où il se retrouve la tête coincée dans son casque! Ce ne serait pas un problème si celui-ci n’était pas une casserole… Même avec une tuque pour la camoufler, c’est plutôt embarrassant de se balader avec ce truc sur la caboche!

Comment ce valeureux compagnon de la table carrée réussira-t-il à se sortir de là?

Cet album tout en humour reproduit d’abord habilement l’univers chevaleresque du petit Guillaume. D’ailleurs, parents et enfants sauront se reconnaitre dans la charmante créativité dont le personnage fait preuve pour s’amuser. Aussi, les variations d’humeur de la mère et du père sont justes, donnant une crédibilité au comique de la situation. Les illustrations colorées ponctuent tout autant l’esprit du texte avec style qu’en maintenant un côté réaliste. C’est vraiment un beau livre que les petits chevaliers aimeront!

Savais-tu? Les Hermines, par Alain M. Bergeron, Michel Quintin, illustré par Sampar aux Éditions Michel Quintin

« La collection pour rire et s’instruire. Humoristique – Fantaisiste – Instructif  »Savais-tu ? Les Hermines par Alain M. Bergeron et Michel Quintin, illustré par Sampar

Si vous ne connaissez pas ces petits documentaires, il est grand temps que vous et votre enfant en fassiez la découverte! À la fois remplis de renseignements précieux — rédigés sur un ton cordial à coup de « Savais-tu que… » à toutes les pages — ainsi que d’humour — se retrouvant dans les images et les bulles de discussion rappelant le principe d’une B.D. — pour alléger le caractère didactique, ces ouvrages savent allier plaisir et apprentissage avec un savoir-faire bien adapté. J’avoue qu’une petite touche de couleur dans les illustrations aurait sans doute égayé le tout, mais elles restent malgré tout plaisantes. D’autant plus que dans la mesure où il s’agit d’un document instructif, il ne fallait pas que les dessins humoristiques volent la vedette au mandat du livre. Que demander de plus, intelligent et drôle, je ne peux qu’approuver de telles créations!

Victor et la dent perdue par Alain M. Bergeron, illustré par Fil et Julie

Victor et la dent perdue, par Alain M. Bergeron, illustré par Fil et Julie, aux Éditions Hurtubise

« Victor vient de perdre sa première dent. Avant de la glisser sous son oreiller, il veut la faire briller. Alors qu’il la nettoie au-dessus du lavabo, elle tombe dans le tuyau… Comment faire pour expliquer cela à la fée des dents? Cette dernière viendra-t-elle quand même lui apporter une belle pièce? »

Le petit Victor est tellement attachant, ses appréhensions, son imaginaire, sa candeur… Les illustrations, qui sont vraiment magnifiques, ajoutent sans contredit une belle sensibilité à l’histoire. J’aime aussi le fait que le texte n’est pas dans une police régulière. Il y a des variations dans la couleur et dans le format, ce qui ajoute de l’intensité aux émotions. La finale est savoureuse! Son double sens, la compréhension que l’enfant en aura à sa première lecture et la réalité qu’il saisira quand il sera prêt à admettre la vérité sur la fée des dents est très bien amenée. Bref, je n’ai rien à redire sur ce superbe album, je l’adore!

Références & autres lectures

1- Entrevue sur le site des Éditions Fonfon

2- Argumentaire de Soulières Éditeur : C’était un 8 août

3- Entrevue sur le site de Dominique et compagnie 

4- Entrevue sur Le délivré, blogue de la Librairie Monet

5- Le portail jeunes de la BANQ

Voyez la liste de toutes les Publications d’Alain M. Bergeron à ce jour!

 

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