Une légende est un sujet qui se prête bien à l’Halloween, surtout dans le cas des plus sombres. Elles nourrissent l’imaginaire des peuples depuis l’aube des temps, et le Québec ne fait pas exception à la règle.

Mais, qu’est-ce qu’une légende?

S’agit-il de faits marquants transformés, ou bien des récits imaginaires, sortis tout droit de l’esprit fantasque d’hommes et de femmes disparus depuis longtemps déjà? Nous pourrions déclarer tout ça à la fois.

Certaines personnes disent qu’à l’instar des contes ou des fables, les légendes renferment une part de vérité. Avec les générations, ces mythes auraient pris de l’ampleur, se déformant au gré des raconteurs.

Toutefois, un point reste immuable : en dépit du fait qu’il existe différentes versions d’une même légende, Les gardiens des portes - Abbygaelle - Sonia Alainil n’en demeure pas moins que les lieux, les personnages et les objets s’y rattachant conservent leur authenticité.

Et si ces narrations populaires avaient puisé leur source à la base d’évènements réels? De quoi nous faire craindre le pire. Car même si certaines de ces histoires sont anodines ou inoffensives, d’autres par contre nous donnent froid dans le dos!

Et si toutes ces chimères n’avaient rien de commun avec le folklore finalement… si c’était vrai…

Référence : Les gardiens des portes : Abbygaelle, Sonia Alain, Éditions AdA, 2014

La légende de Rose Latulipe

rose-latulipe-les-productions-narval
Crédits de l’image: Productions Narval

Rose Latulipe habitait dans un petit village du Québec, au dix-huitième siècle. À cette époque, pendant le carême, il était interdit de danser. Les quarante jours avant Pâques, on devait faire pénitence, et non s’amuser! Mais la jolie Rose aimait beaucoup, beaucoup la danse. Et même si elle était fiancée à Gabriel, la coquette aimait aussi danser avec les autres beaux garçons des environs…

Toujours est-il que cette année-là, le carême approchait. Rose demanda à son père si elle pouvait organiser une soirée, la veille du carême, pour danser et danser encore! Les quarante jours suivants, ce ne serait plus permis, il fallait en profiter! Le père Latulipe accepta, mais à une condition : à minuit sonnant, on devait arrêter la danse. Sinon, ce serait un péché. Rose promit tout ce que son père exigeait, et la soirée s’organisa : tout le monde vint veiller chez les Latulipe. Le violoneux du coin était là, tous dansaient, fêtaient et s’amusaient.

Soudain, vers onze heures du soir, on frappa à la porte. Le père Latulipe ouvrit et découvrit un bel inconnu, très élégant, que personne n’avait jamais vu au village. L’étranger demanda de sa voix grave s’il pouvait entrer et se joindre à la fête. Le père Latulipe n’hésita pas une seconde avant de répondre : « Mais ben sûr! Entrez donc! Tout le monde doit s’amuser! Dégrayez-vous, donnez-moi votre manteau, votre chapeau, vos gants… » L’inconnu refusa, prétextant qu’il ne resterait pas longtemps. Il entra, jeta un regard dans la pièce bondée, puis il invita Rose à danser. La jeune femme accepta avec enthousiasme, ravie que ce bel étranger s’intéresse à elle.

Toute la soirée, elle dansa avec l’inconnu, qui n’invita personne d’autre. Rose n’avait pas une pensée ni un regard pour le pauvre Gabriel, son fiancé, qui passa la soirée sur sa chaise à les regarder tourner, enlacés. Mais voilà que minuit se mit à sonner… Le père Latulipe lança d’une voix ferme : « Ça suffit! On arrête la danse! Il est minuit. » Tout le monde arrêta de danser sans protester… sauf l’inconnu, qui murmura à Rose d’une voix charmeuse : « Juste une dernière danse, ma Rose… » Rose était déchirée. Elle était envoûtée par cet homme si beau avec lequel elle aurait tant aimé continuer de danser, mais elle savait aussi que le carême commençait à minuit et que poursuivre la danse serait un péché… Elle décida d’arrêter… mais elle n’y parvint pas. Ses pieds semblaient ensorcelés et continuaient de s’agiter contre sa volonté.

Lorsque le douzième coup de minuit retentit, l’étranger éclata d’un grand rire. Il se pencha vers Rose et lui donna un baiser. Quand ses lèvres touchèrent celles de Rose, des étincelles jaillirent. La maison des Latulipe prit feu. Heureusement, les convives parvinrent à sortir de la demeure en flammes…

Le lendemain matin, on aperçut Rose Latulipe rôdant autour de la maison en cendres. Ses cheveux étaient devenus entièrement blancs. En une seule nuit, la pauvre avait vieilli de cinquante ans et avait complètement perdu la raison. Tout le monde au village comprit aussitôt que l’inconnu n’était nul autre que le diable, venu pour inciter les gens à danser passé minuit. Il avait gardé son chapeau pour cacher ses cornes et ses gants pour cacher ses griffes…

Depuis, dans différentes régions du Québec, on raconte la triste histoire de Rose Latulipe. Dans certains récits, la grand-mère de Rose sauve sa petite-fille grâce à son chapelet ou à de l’eau bénite. Dans d’autres, Rose s’en va droit en Enfer. Ce qui est sûr, c’est que la coquette est bien punie d’avoir dansé avec le diable.

Référence : Légende québécoise, Martine Latulippe, tv5 monde

Pour visionner la légende de Rose Latulipe, voyez la vidéo réalisée également par tv5 monde.

De plus, pour en savoir davantage sur certaines légendes du Québec, je vous invite à consulter les livres suivants ;

legendes-du-coeur-du-quebec

  • Les légendes du Saint-Laurent, Jean-Claude Dupont, Éditions Dupont, 1985
  • Les légendes du Saint-Laurent II, Jean-Claude Dupont, Éditions Dupont, 1985
  • Les légendes des villages, Jean-Claude Dupont, Éditions Dupont, 1987
  • Légendes du cœur du Québec, Jean-Claude Dupont, Éditions Dupont, 1985
  • Légendes de l’Amérique française, Jean-Claude Dupont, Éditions Dupont, 1985
  • Légendes de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine, Jean-Claude Dupont, Éditions Dupont, 1995

creatures-fantastiques-du-quebec-2

  • Les grandes légendes québécoises, Gaston Gendron, Québec Loisirs, 2006
  • Créatures fantastiques du Québec, Bryan Perro & Alexandre Girard, Perro Éditeur, 2013
  • Créatures fantastiques du Québec (tome II), Bryan Perro & Alexandre Girard, Perro Éditeur, 2015
  • Histoires, chansons & légendes de la Gaspésie, Jean-Pierre Pineau, Productions Narval, 1997

 

Bonne Halloween !

 

Partagez!

1 commentaire

Les commentaires sont fermés.