Monsieur Sylvain Vallière, le directeur de la maison d’Éditions Première Chance, était présent au Salon du livre de Montréal. Je savais par l’entremise de Catherine Bourgault, auteure des tomes « Blanc maculé d’une ombre », qu’il avait un concept particulier. Je l’ai donc rencontré pour en savoir davantage et vous le faire découvrir.
- Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir construire un concept différent en mettant sur pied votre maison d’édition ?
« J’ai commencé dans le domaine de l’édition en 1986. Avec des associés, j’avais créé une maison, dite : traditionnelle. À cette époque, j’ai produit mon premier livre comme auteur, moi-même, dans la formule d’édition ordinaire que l’on connait. C’est un ouvrage qui aurait sûrement été refusé. Cependant, après avoir lancé le livre, il est devenu un best-seller québécois. Malgré toutes ses particularités, il y a toujours la possibilité qu’un livre puisse aller loin même s’il est refusé chez certains éditeurs traditionnels. En 1990, j’ai laissé ce milieu, car je trouvais que l’auteur ne recevait pas assez pour ce qu’il faisait. »
- Expliquez-nous le concept particulier des Éditions Première Chance ?
« D’abord, c’est le 4 juillet 2011 que j’ai fondé cette nouvelle maison d’édition qui est à mi-chemin entre l’édition traditionnelle et le compte d’auteur. J’ai créé une formule assez unique à partir de laquelle je pouvais donner la chance à plusieurs personnes, de faire un livre. Chez nous, la plupart des manuscrits peuvent être acceptés. Il y a une formule adaptée pour chaque auteur. Certains livres ont un moins grand potentiel, et même si on le sait dès le départ, on ne les refuse pas. Nous travaillons le projet d’une façon différente, dans le but d’obtenir un certain succès. Dans ces cas-là, c’est plus un rêve que la personne va réaliser. Avec d’autres auteurs, à plus grand potentiel, c’est avec ceux-là qu’on va pousser la machine plus loin. Donc, au risque de se répéter, notre mission est de s’adapter à l’auteur, ainsi on offre une chance à beaucoup plus de personnes. »
- Quelles seraient les différences entre votre travail et celui de l’auteur qui se dirige vers l’autoédition ?
« D’abord, notre force est de réduire les coûts. Comme chaque cas est unique, on adapte la formule de départ selon le budget de chaque personne. »
Catherine Bourgault : « Ils s’occupent, entre autres, de faire la page couverture, la mise en page… »
« Oui, ces services sont gratuits, et nous réduisons aussi tous les autres coûts contrairement à d’autres endroits où ils vont mettre davantage d’investissement dans la conception, comme les couvertures par exemple. Pour nous, le travail est toujours en fonction et au profit de l’auteur, selon ce qu’il souhaite et dans le but que les investissements soient réduits au maximum. D’ailleurs, je suis même le premier à réduire mes honoraires. Au lieu de prendre un gros salaire, j’évolue avec l’artiste. Je prends peu à la fois et j’augmente au rythme du livre s’il a la chance d’aller plus loin. Toutefois, mes auteurs gagnent toujours plus que moi par livre vendu. »
Catherine Bourgault : « Aussi, il s’adapte au tirage que l’auteur veut. Par exemple, si j’en veux 100 copies parce que les ventes seront surtout pour ma famille, il fera la production en conséquence. Actuellement, pour moi, on arrive à 600 copies vendues pour le premier tome, on va probablement dépasser les 1000 ventes. C’est dans cette optique qu’il parle des coûts de production adaptés en fonction du tirage et de ce que l’auteur veut pour son livre, c’est très personnalisé. Ce qui le démarque davantage, c’est qu’on garde nos droits d’auteur, de production et en plus on fait des profits. »
- Comment vous fonctionnez pour la distribution dans ce cadre-là ?
« C’est certain que notre réseau de distribution a beaucoup évolué depuis 1 an et demi. Dans un premier temps, on présente souvent le livre comme une étude de marché. On veut d’abord savoir comment les gens vont réagir… plus la demande est grande, plus on avance, lentement.
Au départ, ce sont les auteurs qui vont faire leurs propres démarches pour approcher les libraires. On les dirige sur ce qu’ils doivent faire ou pas et ce qui est acceptable ou ne l’est pas. Plus ça progresse, plus les auteurs peuvent être distribués à la grandeur de la province de Québec, dans toutes les librairies. On distribue aussi sur notre site web. Comme nos auteurs demeurent toujours en possession de leurs droits, ils reçoivent 100 % pour les ventes directes, 90 % via notre site, et un minimum de 25 % et ça peut aller parfois jusqu’à 30 % pour les livres vendus en librairie. »
- Quelle est la ligne éditoriale de votre maison d’édition pour ceux qui seraient intéressés à soumettre des documents ?
« Notre seule ligne, c’est d’aider l’auteur. »
(Rires)
Catherine Bourgault : « La poésie, les recueils de nouvelles, les gens qui écrivent dans des styles qui sont moins adaptés pour les grandes maisons éditions, finalement, il prend tous les trucs un peu particuliers. Ce sont pour eux de belles opportunités, au moins de, sortir de l’ombre. S’il y a un potentiel, l’auteur peut ensuite faire des miracles. Lorsque tu as la chance d’avoir ton livre entre les mains, tout peut être possible. Comme on a nos droits, rien ne nous empêche après de voir les offres venir, on est toujours libre de partir ou de rester. »
- Faites-vous des livres jeunesse ?
« Oui. »
- Que pensez-vous du livre numérique ?
« Je crois beaucoup au numérique, mais actuellement, c’est davantage efficace pour un auteur déjà connu, à moins de les vendre à prix très réduits. Justement, il y avait aux nouvelles à la télé, un reportage de Catherine François, à Radio-Canada, qui mentionnait que le livre numérique est bel et bien en plein essor, mais il ne représente pour l’instant que 2 % du marché du livre au Québec, contrairement à 20 % aux États-Unis. Sa part du marché pourrait toutefois atteindre entre 5 et 10 % au cours des prochaines années. On n’est donc pas encore entré entièrement dans l’ère numérique, mais ça arrive. Personnellement, j’y crois beaucoup, mais à court terme, pour nos auteurs, ce n’est pas urgent. Bien que ça me semble évident qu’on s’en va vers ça! »
- Vous offrez actuellement le format numérique en PDF, prévoyez vous offrir le format epub ?
Catherine Bourgault : « C’est toujours libre à l’auteur, si je le veux, il va le faire. »
(Rires)
« Actuellement, personne ne m’a demandé de epub, alors je le fais en PDF, mais oui, si l’auteur veut du epub, on va le faire. On s’adapte toujours! »
- Pouvez-vous me donner la proportion du rapport entre les ventes du numérique et du papier ?
« Pas très élevé pour le moment. »
Catherine Bourgault : « J’en ai peut-être vendu 7 ou 8 pour le moment. »
- Qu’est-ce qui est à entrevoir pour la maison d’édition Première Chance ?
« Il y aura environ 2 sorties de livre par semaine pour l’année 2013, dont approximativement 100 nouvelles créations, la mise sur pied d’une filiale sous un autre nom d’édition pour dissocier les auteurs qui reçoivent une première chance à ceux qui vont se démarquer et qui seront distribués à plus grande échelle; et progressivement, je travaille avec le directeur d’une imprimerie française et notre agence là-bas pour développer le marché en France. Nous en sommes déjà à un 3e livre publié outre-mer. »
Catherine Bourgault, auteure aux Éditions Première Chance
Je n’allais certainement pas laisser Catherine quittée sans avoir eu un entretien avec elle également, surtout qu’elle lançait récemment le tome 2 de « Blanc maculé d’une ombre » et qu’elle était pour la première fois présente au Salon de Montréal. CONSULTER L’ENTREVUE >>>
[…] au SLM lors de mon entretien avec Monsieur Vallière, directeur des Éditions Première Chance, Catherine Bourgault venait tout juste de lancer son tome 2 de « Blanc maculé d’une ombre », […]