Zahra a 10 ans, son père vient de mourir dans des circonstances tragiques que son esprit a enfouies dans l’oubli. Quand sa mère la confit à son oncle Houcein, le frère du défunt, à son deuil s’ajoute le sentiment profond d’abandon. L’incompréhension et la colère la rongent en son for intérieur. Or, sa nouvelle situation familiale n’améliore en rien sa vie, car la jeune mauritanienne se voit réduite au rang d’esclave. Ses journées deviennent un tourbillon de corvées ponctué par l’humiliation et la violence qui lui est infligées par sa parentèle. Le soir venu, enfermée dans la bergerie, elle endure la faim qui torture son ventre creux.
Contre toute attente, des circonstances amènent son oncle à l’affranchir. Loin d’être au bout de ses peines, Zahra doit désormais subir l’immonde rituel du gavage afin d’être à la mode pour son futur mari, car en ce pays la prospérité d’un homme se juge à la grosseur de sa femme. Trouvant toujours dans le détour une main tendue pour l’aider, la jeune fille garde espoir en l’avenir. Sa vie est pourtant menacée, sa situation semble sans issue…
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Je ne suis pas amateur du genre dramatique, ni adepte des romans de type fiction sur fond de vérité, je dois néanmoins avouer que l’intrigue de ce roman est bien construite. Malgré la tragédie que vit la jeune fille, la lecture de son histoire ne devient pas insupportable, voire lourde sur le plan émotionnel. Le contre ballant se fait sans contredit par l’intermédiaire des alliés de Zahra qui véhicule une philosophie somme toute positive. Les personnages demeurent crédibles, le texte est fluide et se lit facilement.
À mes yeux, la grande force du récit se trouve dans l’impact de son message ainsi que dans sa revendication. Sous la dénonciation des traitements ignobles que subissent ces femmes, il se cache une histoire d’espoir, une volonté d’éveiller les esprits engourdis de préjugés, le souci de voir les portes du savoir s’ouvrir pour les femmes partout dans le monde… un appel touchant à l’injustice.
Je vous laisse sur cette citation du livre qui, à mon avis, mérite qu’on s’y arrête un instant.
« La méfiance, les préjugés et les croyances bornées qu’on reproduit à la chaîne, sans se questionner sur leurs motifs, salissent davantage les gens qu’ils ne les anoblissent. » réf. p. 179