2014-10-Jonathan-Reynolds

Né à Bromptonville, Jonathan Reynolds écrit des histoires de peur depuis son enfance. Est-ce parce qu’il est né la même année qu’Alfred Hitchcock est mort? Ou alors est-ce parce qu’il ne parvient pas à faire de cauchemars, la nuit? À ce jour, il a publié une douzaine de livres d’épouvante (romans, romans jeunesse, recueils de nouvelles) chez différents éditeurs ainsi qu’une quarantaine de nouvelles dans plusieurs revues et fanzines spécialisés (Solaris, Alibis, Brins d’éternité, etc.). Oserez-vous visiter son antre  Aveugle – Blogue de Jonathan Reynolds ?

Nocturne

8d93693ea197f58d90d94a83c246cfff-fullsizeLes amateurs d’horreur, autant les jeunes que les adultes, seront servis avec le prolifique auteur, Jonathan Reynolds, qui cumule déjà un bon nombre de livres dans le genre (voyez la liste au bas de l’article). Alors que la fête d’Halloween est à nos portes, je me suis plongée dans l’un de ses romans, Nocturne, qui est tout à fait dans le sujet de l’heure. Bien que j’aie mis la main sur la version des éditions Les Six Brumes, il est à noter que ce titre a été réédité, soit en novembre 2012. Il est disponible aux éditions Porte-Bonheur.

À la façon d’une pièce de théâtre, le volume se divise en trois actes où l’on découvre l’univers de ses personnages à travers une narration interne rotative. Donc, chaque personnage, racontant à tour de rôle un brin de l’histoire, y apporte une partie de son vécu, de sa vérité. Le lecteur est ainsi rapidement happé par l’intrigue qui se tisse autour d’un groupe de jeunes, plus principalement de la collégienne, Aude. Cette jeune fille, au passé nébuleux, craint de rechuter dans la lourde vie sur laquelle elle désire tant tourner la page. Pourtant, le tourbillon des évènements semble une fois de plus se refermer autour d’elle. Alors que les scènes lugubres s’additionnent au même rythme que les corps, l’auteur nous fait glisser dans l’acte 2 : l’enquête. C’est à ce moment où en tant que lectrice, ma tension, voire mon intérêt, décuplé par l’action de cette première partie, a chuté d’un coup. Je ne parle pas d’un abandon de lecture, non… Bien au contraire, le déroulement de l’enquête m’intéressait moins parce que j’avais hâte de savoir ce qu’il advenait des survivants. Malgré cela, une fois la mise en place de cette seconde partie établie, l’auteur récupère rapidement et agilement l’attention du lecteur, puisque l’on entrecroise tantôt des personnages secondaires de la première partie, d’autres fois des réminiscences des scènes passées ou encore de nouveaux personnages nous captent par leur lien avec Aude, par exemple, son psychologue. Tranquillement, les rumeurs qui soufflent comme le vent de l’automne sur la ville d’Innstown nous révèlent ses secrets les plus horribles. Des clans se forment, certains personnages nous laissent stupéfaits et les rebondissements annoncent lentement la lueur d’une finale typiquement sanglante. Cependant, tout repose sur une seule chose, Nocturne. Pourquoi ? Comment ? Et surtout qui en est donc à son origine ? Dans le dernier acte, l’ensemble de la ville sera baigné par l’horreur de la division qui règne en son sein. Une terrible soirée d’Halloween s’abime sur Innstown…

Avec un style d’écriture que j’ai particulièrement apprécié, tant dans son rythme que dans la saveur de ses mots, de ses phrases, je confirme que Jonathan Reynolds a gagné une nouvelle lectrice. Le texte très accrocheur repose sans contredit sur les courts chapitres. Efficaces, ils nous laissent toujours sur ce dernier moment d’envie qui nous « force » à poursuivre sans arrêt. Même si à mes yeux, la partie de l’enquête est moins forte à cause de la fluidité de l’histoire à ce stade, je dirais qu’elle reste néanmoins justifiée puisqu’ultimement les morceaux s’emboitent. Les liens qui unissent les personnages, un peu stéréotypés, sont très crédibles. L’ambiance sombre est palpable du début à la fin, les surprises se multiplient au fil de l’histoire et les scènes sanglantes vous feront peut-être grincer des dents, mais elles ne sont pas si nombreuses. La finale est à la fois originale dans la grande folie de son principal déclencheur, soit Nocturne (vous le découvrirez!) et en même temps très classique, pour le genre. Sans doute parce que l’auteur, dans ce titre, faisait un hommage aux films d’horreur de l’époque où Wes Craven était très productif. Bref, je trouve ça très réussi et si vous aimez l’horreur, vous aimerez ce titre.

Si vous êtes avare du genre, j’ai également demandé à Jonathan Reynolds quel titre d’horreur lui a particulièrement plu.

« Un livre de peur que j’ai vraiment aimé : LÀ-HAUT SUR LA COLLINE de Claude Bolduc, publié en 2007 aux éditions Vents d’Ouest. »

Ceci dit, afin de vous mettre dans l’atmosphère d’Halloween, découvrez la frayeur de jeunesse de Jonathan Reynolds…

L’imagination. C’est une des grandes forces de l’être humain… mais parfois, elle peut nous entrainer sur les sentiers de la peur! Je me souviens qu’adolescent, je regardais souvent des films d’horreur avec des amis. Et quand je revenais à la maison, tard le vendredi soir, j’étais seul dans les rues de Bromptonville. Et à chaque fois, mon imagination me jouait des tours tout le long du trajet. N’y avait-il pas, voilà une seconde, des têtes tranchées dans cet arbre au coin de la rue? Et là, dans cette fenêtre sombre, ce n’était rien, n’est-ce pas? Mais le plus terrifiant est lorsque j’arrivais dans la cour chez mes parents. Pour être plus précis : sous le toit de l’abri d’auto. Je figeais comme une statue. Parce que j’étais sûr, à chaque fois, qu’au moment où je poserais ma main sur la poignée de porte, un visage déformé allait se plaquer contre la fenêtre qui donnait sur le terrain arrière. Le souffle court, je fermais à demi les yeux et j’entrais en quelques secondes chez moi. Je courrais dans le noir jusqu’à ma chambre au sous-sol. Et là, j’hésitais toujours à ouvrir la lumière : et si le visage déformé, et son propriétaire monstrueux, m’attendaient dans ma chambre?

Cette semaine, pensez-y à deux fois avant d’éclairer une pièce sombre, l’obscurité vous préserve peut-être d’une présence horrible!
Pour en savoir plus sur l’auteur, consultez Aveugle – Le blogue de Jonathan Reynolds

Bibliographie :

Ombres, roman fantastique, éditions Les Six Brumes, 2002.
Nocturne, roman d’horreur, éditions Les Six Brumes, 2005.
La légende de McNeil, novella fantastique, éditions Les Six Brumes, 2008.
Silencieuses, recueil de nouvelles, éditions Les Six Brumes, 2008.
Épitaphes, recueil de nouvelles, éditions Z’ailées, 2008.
Cris de sang, roman d’épouvante jeunesse, éditions Z’ailées, 2009.
Déguisements à vendre, roman d’épouvante jeunesse, éditions Z’ailées, 2009.
La nuit du tueur, novella d’épouvante, éditions Z’ailées, 2010.
Pages de terreur, roman d’épouvante jeunesse, éditions Z’ailées, 2010.
Mes parents, des monstres?, roman d’épouvante jeunesse, éditions Z’ailées, 2011.
SAM, novella d’horreur, dans Agonies, collectif, éditions La Maison des viscères, 2011.
Les couloirs de l’éternité, roman de science-fiction, éditions Porte-Bonheur, 2012.
Les têtes volantes, roman d’épouvante jeunesse, éditions Z’ailées, 2012.
Nocturne (réédition), roman d’horreur, éditions Porte-Bonheur, 2012.
Horreur en 3D, roman d’épouvante jeunesse, éditions Z’ailées, 2013.
La légende de McNeil (réédition), novella fantastique, éditions Les Six Brumes, 2013.

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