François Vaillancourt est un artiste de Montréal qui se spécialise dans les images illustrant des univers sombres et des histoires où l’horreur et le macabre se côtoient. Illustrateur prolifique, il en est à son cinquième projet avec Stephen King, plusieurs projets avec Richard Chizmar, CJ Tudor, Charlaine Harris, et il collabore régulièrement avec plusieurs éditeurs américains ou britanniques.

Il y a quelque temps, malgré un horaire chargé, il a décidé d’aider les auteurs québécois qui écrivent de l’horreur en participant bénévolement à certains projets.

Quel a été votre parcours pour devenir illustrateur?

J’ai un DEC en arts, et j’ai par la suite obtenu un BAC que j’ai commencé à l’université Laval et terminé à l’IPMD à Paris il y a presque 30 ans. C’est une formation d’artiste visuel « classique », nécessaire à la maîtrise des médiums tels que l’acrylique, l’encre, et tout ce dont nous avions à notre disposition. Quand le digital a fait son entrée dans le monde de l’illustration, j’ai pris un certain temps avant de m’y intéresser, mais maintenant, 90 % de mon travail se fait avec une tablette graphique.

Que préférez-vous dans votre travail?

Il y a plusieurs choses que je trouve vraiment gratifiantes. Travailler avec des auteurs que j’admire depuis longtemps en est une, comme de pouvoir lire des livres encore sous forme de manuscrits. Il y a aussi une grande liberté qui m’est donnée pour concevoir l’univers visuel d’une histoire, ce que j’aime beaucoup. Et plusieurs auteurs sont devenus des amis.

Comment est arrivé votre premier projet avec un éditeur américain ou britannique?  

C’est Richard Chizmar, auteur et propriétaire de la maison d’édition Cemetery Dance, qui m’a donné mes premiers projets aux États-Unis. Il m’a aussi mis en contact avec plusieurs éditeurs, aussi bien aux E-U qu’au Royaume-Uni. La majorité des éditeurs dans le domaine de l’horreur se connaissent et n’hésitent pas à s’entraider, ce qui est vraiment rafraîchissant. J’ai aussi réalisé des images pour l’Australie et la Roumanie.

 

Et avec Stephen King?

The Blue Air Compressor

 

Encore une fois, c’est par Richard Chizmar. Ma première image pour King illustrait « The blue air compressor », une histoire publiée dans l’anthologie Shining in the Dark, de SST Publication. J’ai ensuite fait la couverture de Flight or Fright, puis une série de 16 illustrations pour une édition limitée de Revival par LetterPress Publications qui sortira en décembre. Je suis présentement en train de faire l’adaptation en format « graphic novel » de The Raft, annoncé pour 2020. Quant au cinquième projet, bien qu’il ait déjà été livré, je ne peux encore rien dire!

 

Selon vous, quelle est la place de « l’horreur » au Québec?

Je crois que l’horreur au Québec (et je ne parle pas de l’état des chantiers à Montréal) est un style encore cantonné dans un petit coin. C’est un genre assez riche qui a toujours eu du mal à aller chercher un auditoire plus grand public. Patrick Senécal connaît un beau succès, et les adaptations cinématographiques de ses livres ont certainement piqué la curiosité du public, mais le manque d’exposition ne joue pas en notre faveur. Je suis membre du HWA (Horror Writer Association) et bien qu’il y ait un chapitre à Toronto, il n’y en a pas à Montréal alors que nous avons plusieurs auteurs qui pourraient contribuer.

Lisez-vous beaucoup de romans québécois? Quel(s) genre(s)?

L'Inspecteur specteur Intégrale - GHISLAIN TASCHEREAU

 

Je n’ai pas beaucoup de temps pour lire puisque je me fais un devoir de lire les livres que je dois illustrer. Et comme je n’ai que très peu de demandes du marché québécois, ma pile de livres à lire est pratiquement inexistante. J’ai bien aimé l’univers déjanté de Ghislain Taschereau et son inspecteur Specteur.

 

Quel est votre auteur québécois favori? Pourquoi?

J’aime beaucoup Patrick Senécal. Je trouve qu’il a une approche très fraîche et qu’il n’hésite pas à varier les genres tout en gardant une trame narrative très serrée.

 

Sur quel projet travaillez-vous présentement?

Je travaille sur une adaptation en format « graphic novel » de The Raft, de Stephen King. L’histoire de 56 pages sera publiée dans une anthologie de 4 récits publiés en 2020 par Cemetery Dance. C’est un projet qui me sort totalement de ma zone de confort puisque c’est un style d’illustration vraiment différent de ce que je fais normalement. Je crois que le résultat sera intéressant, mais ce sera aux lecteurs de juger.

Que conseilleriez-vous à un jeune qui voudrait exercer ce métier plus tard?

Avoir de solides bases en dessin, même s’il se dirige vers un travail plus photographique par la suite. Ça permet de comprendre la lumière, les volumes et la structure dans l’espace. Ensuite, de ne pas hésiter à s’inspirer des illustrateurs qu’il aime pour comprendre ce qui l’allume dans leurs images et travailler sans relâche pour trouver son propre style. Et ne pas avoir peur de cogner aux portes des éditeurs, auteurs et de tous ceux qui peuvent avoir besoin de ses services. Se faire un nom, c’est le plus ardu, ensuite ça va presque tout seul!

 

Je remercie François pour sa grande générosité (j’ai découvert une personne humble, sympathique et drôle!) et vous invite à aller regarder ses superbes illustrations sur son site à : www.francois-art.com.

White fire / Brian Keene

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