Connue pour sa série jeunesse « Petaluda », voilà que cette auteure se démarque désormais dans les romans adultes avec sa nouvelle saga de Romane Castel. Un livre à saveur de romance, d’humour, et axé sur la démarche personnelle.
Ma Mercedes contre un tracteur
Une histoire qui oscille entre l’amour nostalgique, la solitude et la haine (colère). Dans ce récit, on assiste tout au long du roman au cheminement personnel de Romane. Une quête de soi-même qui la portera vers des sentiers inexplorés. Amenée sur une note d’humour, mais également avec tristesse et cynisme à certains endroits, l’auteure nous fait vivre toute la gamme d’émotions que traverse Romane. Parfois, le texte est léger, à d’autres moments cru, surtout lors des passages qui concernent la relation entre Romane et sa patronne.
Pour les amateurs d’œuvres impressionnistes, vous retrouverez aussi beaucoup de détails à ce sujet à l’intérieur de l’histoire puisque Romane est une passionnée de ce type d’art. Déception amoureuse, conflits de travail, remise en question sont à l’honneur dans ce récit, le tout ponctué d’une petite touche de romantisme…
Un roman qui se lit facilement et rapidement, un moment de détente pour sortir du quotidien.
Romane croit à l’amour avec un grand A; celui qui est inconditionnel, voir éternel. Ce qui n’est pas le cas de sa meilleure amie Hope. D’ailleurs, Hope tente par tous les moyens de raisonner Romane lorsque celle-ci se décide à plaquer Philippe sur un coup de tête, allant même jusqu’à lui offrir deux magnifiques chatons pour lui tenir compagnie. Cependant, Romane n’a pas que cette peine amoureuse à gérer, il y a aussi le décès de sa mère, survenu deux ans auparavant qui l’a beaucoup marqué, ainsi que sa vie de tous les jours. D’ailleurs, au travail, son quotidien se révèle des plus pénible avec sa patronne, surnommée Miss Oglie ou encore l’Orgresse, ceci s’ajoute à la trahison de l’une de ses amies. Bref, l’existence de Romane n’a rien d’un jardin de roses, jusqu’à ce que sa route croise celle de Fabiano Mancini, un bel Italien riche et charismatique.
Parviendra-t-elle à se sevrer de Philippe, son ancienne flamme, entre les bras de ce dieu italien?
Voici un extrait
Ma Mercedes contre un tracteur, Sophie-Luce Morin, Éditions Andara, 2013
« -Je me suis dit qu’on allait parler de ton ex jusqu’à dimanche soir. (Elle ne l’appelle déjà même plus par son prénom!) Tu pourras me raconter n’importe quelle niaiserie, comme d’habitude, lâcha-t-elle pour me narguer. Ma tâche à moi sera de te ramener à la mémoire tes pires souvenirs avec lui, au cas où tu resterais scotchée sur les bons, que tu vas sans doute d’ailleurs avoir tendance à enrober pour les rendre encore meilleurs qu’ils l’ont été. Mais après, jure-moi que tu vas refermer le livre! »
Entrevue
Qu’est-ce qui vous a fait passer du livre jeunesse au roman adulte?
Ma Mercedes contre un tracteur n’est pas mon premier roman pour adulte : j’ai publié, en 2009, Écris-moi en bleu. J’ai également écrit quelques nouvelles à la Raymond Carver. J’ai d’ailleurs remporté un prix pour l’une d’entre elles dans le cadre du concours annuel de nouvelles de XYZ! Elle s’intitule La scatola nera.
En ce qui concerne la littérature jeunesse, j’ai commencé à m’y intéresser en tant qu’auteure quand mes enfants sont venus au monde. Et comme cela se produit souvent, j’ai trouvé auprès de mes petits amours une véritable source d’inspiration. J’ai écrit, à cette époque, plusieurs histoires; notamment trois albums et quelques romans pour la jeunesse. J’ai consacré les sept années suivantes à l’écriture scénaristique. Je suis revenue au roman pour la jeunesse quand Michel Brûlé m’a proposé, en 2012, d’écrire la série Petaluda, qui raconte l’histoire d’une petite fille qui voyage à travers le monde à dos de papillon. Ce sont de merveilleux petits romans très bien documentés. Mine de rien, je consacre autant de temps sinon davantage à la recherche qu’à l’écriture pour chacun de ses petits livres!
Y a-t-il une différence dans votre démarche lorsque vous écrivez de la littérature jeunesse versus des romans pour adultes?
La démarche n’est pas différente. Il est cependant évident que les formats que l’on présente en littérature de jeunesse (albums et romans) sont souvent moins longs à réaliser, du moins en ce qui a trait à l’écriture : un texte de cinquante mille mots – c’est à peu près le nombre de mots que contient Ma Mercedes contre un tracteur – prend davantage de temps à écrire qu’un autre de cinq mille ou de douze mille mots, comme c’est le cas pour les livres de la série Petaluda. Cependant, chaque genre comporte ses exigences et impose ses limites. Le temps consacré aux œuvres, qu’elles se destinent aux jeunes ou aux adultes, ne se mesure donc pas nécessairement en nombre de mots.
Parlez-nous de votre roman?
Mon héroïne se pose des questions et tente de cheminer à travers ses mauvaises expériences. Même s’ils sont traités de manière plutôt humoristique, les enjeux de Ma Mercedes contre un tracteur sont graves. On y parle notamment de la perte des êtres chers, de la solitude, de l’isolement, du harcèlement moral, de la crise de la trentaine qui interroge le passé et tente d’entrevoir l’avenir de même que du désir de stabilité affective et professionnelle. À force d’entretenir des attentes démesurées, on finit immanquablement par être déçu dans plusieurs sphères de son existence. Hope, la meilleure amie de notre héroïne, ne s’appelle pas « espoir » pour rien! C’est par son entremise que je tente de véhiculer une vision un peu plus réaliste de l’existence et donc plus porteuse d’un bonheur durable.
Enfin, si je n’avais que quelques mots pour définir Ma Mercedes contre un tracteur, je dirais que c’est un roman sur la quête de soi et du bonheur.
Quelle est votre opinion sur la solitude, un thème que l’on retrouve dans votre roman?
Peu importe les raisons, peu importe qu’on l’ait choisie ou non, vivre seul peut peser lourd. Quand on rentre le soir et que personne ne nous attend ou quand on sirote son expresso au comptoir du coin le dimanche matin, avec pour tout interlocuteur son journal, c’est toute une panoplie d’émotions désagréables qui surgissent pour plusieurs.
Si le fait de vivre seul rime souvent avec tristesse, il rime également avec angoisse : personne sur qui s’appuyer pour prendre des décisions importantes, pour nous aider à payer les comptes ou tout simplement pour occuper le temps. Dans ce contexte, comment concevoir le fait de vivre seul autrement que comme une malédiction qu’on cherchera à fuir par tous les moyens?
Pour plusieurs donc, vivre seul, c’est expérimenter la solitude. Voilà pourquoi cette perception erronée de la vie vécue en solo amène les gens à adopter des comportements dans le seul but de l’éviter, les entraînant parfois dans des déboires lamentables. C’est ainsi que le spectre de la solitude peut aisément engendrer la prise de mauvaises décisions ou faire en sorte qu’une personne s’accroche à une situation qui n’est pas nécessairement propice à son bien-être et à son évolution. Mais saviez-vous qu’il n’est pas nécessaire de vivre seul pour expérimenter la solitude? Que celle-ci peut naître chez des personnes bien entourées?
C’est donc en apprivoisant sa solitude que Romy va s’affranchir. C’est là un enjeu majeur de mon roman.
Pour suivre l’auteure, vous pouvez la retrouver sur :
Sachez que le tome 2 est aussi disponible.
Il est à noter que Sophie-Luce Morin a également écrit des nouvelles, des scénarios, des essais, ainsi que pour le Web-télé. Elle donne aussi des conférences et fait des ateliers.
Bonne lecture!