Abîmes et ténèbres de Nora Roberts, publiée chez Flammarion Québec

Tome 1 : L’éclipse

Dans le premier, et très prenant tome « L’éclipse », de la série « Abîmes et ténèbres » de Nora Roberts, la propagation d’un virus mortel se déclenche à l’aube du jour de l’An : la Calamité. Cette terrible pandémie décime le tiers de la population à une rapidité incroyable provoquant un chaos parmi les survivants. Rongés par la peur d’être contaminés, mais également par celle d’être attaqués par des pillards et des êtres ténébreux, ces derniers se voient dans l’obligation de fuir la ville.

Parmi eux, le lecteur découvrira plusieurs personnages attachants aux convictions fortes et aux capacités variées. Entre la journaliste Arlys et ses acolytes, dont un pro de la techno et une lumineuse jeune femme elfique, il y aura aussi un urgentiste, Jonah (détenant le pouvoir de sentir la mort) et une docteure, Rachel. Ce duo médical assistera à la naissance de jumeaux, pour ensuite réchapper la mère et trois nourrissons de leur situation critique. Ensemble, ils fonderont une petite communauté (New Hope) rejointe par plusieurs autres, notamment Max et Lana qui entraîneront sans le vouloir des individus malveillants sur leurs traces. L’espoir et l’entraide ne seront certes pas suffisants à contrer l’ère de noirceur dans laquelle ils se débattent…

Cette dystopie à saveur fantastique s’amorce avec force sur une intrigue pleine de rebondissements. Otage des pages, je me suis retrouvée à la dévorer à une vitesse surprenante, ne manquant pas le moindre moment d’y remettre le nez. Dans ce tome, l’auteure plonge habilement son lecteur au cœur de la tourmente de ses personnages crédibles et bien ancrés. Sa plume demeure fluide, son histoire habitée ! Malgré un ralentissement vers la fin, mettre la main sur la suite deviendra une urgence, je vous conseille donc de prévoir le coup.

Tome 2 : La prophétie

L’humanité n’est plus ce qu’on lui connait ; le gouvernement est tombé, la population restante est éparpillée et divisée par la crainte. Pilleurs, fanatiques religieux et surtout « Insolites noirs » (des êtres ténébreux usant de leurs pouvoirs pour dominer) font en sorte que bon nombre d’hommes, de femmes et d’enfants (“magyque” ou non) vivent en petit groupe caché dans les campagnes.

New Hope, quoique désormais organisée pour répondre aux attaques, ne fait pas exception. Des rescapés provenant de partout (humains et êtres “magyques”) reconstruisent en misant sur la consolidation de leurs capacités. La solidarité permet de croire en des lendemains meilleurs.

D’autre part, la jeune Fallon qui est dotée de dons incomparables se retrouve contrainte à quitter sa famille pour suivre une formation auprès d’un mage sans âge. Est-elle vraiment l’Élue qui sauvera l’humanité ?

Moins intense que le premier tome, ce second roman de la série reste très captivant. Il se partage entre la formation de Fallon et l’organisation qui s’effectue dans New Hope. Celle-ci vise bien sûr la structure interne de la ville, en particulier l’apprentissage de techniques anciennes pour contrer les pénuries multiples, mais aussi les missions pour secourir des gens et trouver des produits nécessaires à leur survivance. On plonge davantage dans le côté fantastique de l’histoire en y découvrant plus en détail la « magye » des protagonistes. L’auteure se réinvente donc adroitement dans cette suite tout en maintenant son lecteur en haleine pour le transporter vers son combat ultime. Celui qui confrontera les forces de la lumière à ceux des ténèbres qui ont d’ores et déjà des visages et des noms marquant l’imaginaire.

Tome 3:   L’Élue

Pour Fallon Swift, l’Élue qui a développé son plein potentiel, il est grand temps de lever une armée, de traquer les extrémistes, de reprendre des mains du nouveau gouvernement en place toutes ces villes qui ont perdu leurs lettres de noblesse et de réduire à néant les Insolites noirs. À la défense des plus démunis et la reconstruction des autres communautés existantes, la jeune guerrière souhaite voir la lumière inonder à nouveau l’humanité. Si œil pour œil, dent pour dent n’est pas la réponse aux ténèbres, les combattants doivent aussi penser à ne pas corrompre leur âme en route…

 

Même si on se retrouve dans un classique avec l’annonce de LA SAUVEUSE, l’auteure sait mettre à contribution tous ses protagonistes. On sent bien que seule, la jeune fille n’y pourrait rien. D’ailleurs, ce rôle se présente comme un fardeau et non une bénédiction. La force de frappe demeure donc un travail d’équipe et la collaboration de chacun y a son importance. Malgré la multitude des personnages, chacun a su faire sa marque dans mes souvenirs, ce qui est un atout essentiel dans une série.

L’enjeu s’appuie beaucoup sur leur destinée, sur le fait qu’il n’y a pas de hasard et sur l’héritage familial de la Tuatha dé Danann. Je dois avouer qu’à mes yeux ce mythe celtique n’était pas nécessaire à l’histoire. À ce stade et avec son talent, Nora Roberts n’avait pas à puiser ailleurs que dans son propre imaginaire. Cela dit, elle exploite cette ficelle avec une belle créativité et y ajoute sans conteste sa dose de mystère. En dépit du fait que la mise en forme de la guerre et les ravages qui en découlent sont des scènes puissantes, il m’a semblé que l’inquiétude de perdre les personnages en danger aurait pu être tirée davantage à profit. Mais ne vous méprenez pas, c’est une aventure haute en couleur à ne pas manquer !

Une plume extraordinaire, une intrigue bien menée, du fantastique captivant, de la survie, une dose d’amour… Qu’attendez-vous ?

 

Bonne lecture !

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